quinta-feira, 17 de março de 2005
Opinion: Intégration d'hier et d'aujourd'hui au Luxembourg
Avec une insistance qui s'est accrue au même rythme que la proportion d'immigrés, le Luxembourg considère avoir réussi l'intégration des étrangers sans conflits sociaux.
Ces «non Luxembourgeois», comme maintenant on préfère les appeler à l'abri du politiquement correct, atteignent aujourd'hui 55% au sein de la population active et 37% de la population totale. Pour ce qui est des Portugais (environ 13% de la population active et 13% de la population globale) pendant longtemps ils ont été les bienvenus tant qu'ils travaillaient et consommaient, mais on préférait qu'ils ne se fassent pas trop remarquer pour le reste, et encore aujourd'hui on insiste pour qu'ils ne mettent pas trop en évidence les problèmes qui existent.
L'appel massif à la main- d'oeuvre portugaise s'est déroulé pendant longtemps sans politique d'accueil, de scolarisation et de logement. Politiques qui d'ailleurs laissent toujours à désirer.
La référence à l'intégration réussie des Italiens sert de justification pour l'absence de politique. Si la population luxembourgeoise ne se rend que peu compte de ce qui se passe dans les coulisses de «son» immigration, de nombreux travailleurs portugais en souffrent au quotidien. En fait, on peut se demander si, dans notre cas, intégration ne veut pas simplement dire «coexistence pacifique» de deux nationalités, cultures juxtaposées, sans contacts réels et au fond une certaine indifférence.
Ce mot «intégration» reste souvent un terme au contenu vide, et dans des domaines essentiels, des déficiences considérables subsistent. Dans la pratique, le système scolaire très sélectif en ce qui concerne les langues ne concède que des possibilités limitées d'ascension sociale aux enfants d'étrangers.
Pendant longtemps certains partis politiques établis se sont efforcés de créer des obstacles au droit de participation politique des étrangers, sous prétexte d'une mise en danger de l'identité nationale, ce qui cause de nombreux débats autour de ce sujet, et une certaine psychose de la part de certains Luxembourgeois de voir «déferler» les Portugais – car c'est bien d'eux surtout qu'il s'agit – dans la vie et les décisions politiques du pays.
Mais autant on peut se demander si certains Luxembourgeois refusent cette possibilité, autant la question se pose de savoir si les Portugais y sont intéressés et finalement, donc, si ce serait un bouleversement si complet et dangereux de la vie politique. Rappelons à ce sujet la faible participation des Portugais dans les dernières élections communales. De nombreuses associations prêtent assistance aux Portugais immigrés et organisent une partie de la vie sociale.
Ces associations sont un point d'attache pour les Portugais, un lieu de rencontre avec les compatriotes et de souvenir du pays natal. Mais il est vrai aussi que les Portugais s'y limitent volontiers. Si c'est – presque seulement – à travers ces associations que se font les contacts avec les Luxembourgeois, le plus souvent les manifestations organisées se limitent à une présence portugaise – chacun fait la fête de son côté. Pour en donner un exemple, pendant longtemps le culte de la Vierge Marie, commun aux deux nationalités, a été fêté séparément. Heureusement l'on remarque que chaque fois plus de Portugais fêtent l'Octave et qu'il y a chaque fois plus de Luxembourgeois qui se joignent au pèlerinage de Notre-Dame de Fatima à Wiltz. Mais l'image que ces deux sociétés et cultures ont l'une de l'autre continue d'être caricaturale et superficielle.
Comment se juger et se comprendre vraiment dans ces conditions, sans parler de la barrière que représente trop souvent la langue? L'intolérance n'est-elle pas fille de l'ignorance? Et dans notre cas, ne s'agit il pas d'indifférence? Le problème est de savoir si au moins il y a une volonté des deux parts de briser cette barrière d'indifférence. Les préjugés et les ressentiments se trouvent des deux côtés.
La première génération d'immigrés portugais, même si la durée de leur séjour s'est considérablement prolongée, beaucoup ne vivaient souvent que dans l'attente de l'occasion de repartir au Portugal et ne pensaient pas devoir faire d'efforts pour s'intégrer en apprenant le français ou le luxembourgeois par exemple: ils ne faisaient que s'adapter à un niveau minimum nécessaire.
De plus, le sentiment d'être défavorisés par rapport aux Luxembourgeois (plus riches, mieux logés, etc.) ne suscitait pas forcément la sympathie vis-à-vis de ceux-ci. Aujourd'hui beaucoup pensent rester ici, même après leur pension, puisque c'est à Luxembourg que leurs enfants ont décidé de vivre et de s'établir.
Étrangement, on retrouve le même comportement des premiers immigrés chez les nouveaux-venus qui arrivent du Portugal en pensant rester «quelque temps» par ici, mais voient souvent, eux aussi, leur séjour se prolonger. Les Luxembourgeois, de leur côté, sont aussi complètement isolés de «ces gens» dont ils ne connaissent pas vraiment la mentalité, et leur nature parfois réservée (et parfois «confortabiliste») ne les pousse pas vraiment aux contacts et à s'enquérir du malheur d'autrui.
Chaque nationalité a donc peur de perdre son identité, et cela peut-être par peur de ce mot d'«intégration», qu'elles assimilent à invasion ou renonciation, selon les cas. Il faut malheureusement constater que cette indifférence est plus hostile que favorable.
Les préjugés sociaux sont trop fortement ancrés pour être ignorés, et les reproches – déjà typiques pour l'immigration – se font entendre toujours plus des deux côtés. Et force est de constater que malheureusement, en 35 ans d'immigration, la situation des immigrés du point de vue social et intégration, a très peu évolué. On constate que les mieux intégrés sont les jeunes d'origine portugaise, encore qu'à la condition qu'ils soient nés ici ou arrivés en très bas âge.
Conclusion, il semblerait donc que la «solution» que l'immigration portugaise représentait pour le Luxembourg il y a 35 ans soit devenue un «problème».
Problème d'intégration surtout, et cela tant du côté portugais que du côté luxembourgeois. Chacun se tourne de son côté. Il est dommage que le Luxembourg qui, grâce à l'immigration, à sa position géographique, à sa situation sociale privilégiée, pourrait profiter de tous ces éléments différents pour bâtir une société multiculturelle, tout en respectant les différentes cultures, ne fasse d'effort visible et profond pour tirer un profit – non plus matériel, mais humain, «spirituel», culturel – de ce mélange si instructif et intéressant de différentes visions du monde, qu'il ne tente pas de le rendre au moins véritablement possible et actif.
En cela, l'effort ne doit pas venir uniquement des gouvernements; il doit venir, en premier lieu, de chaque personne, individuellement, qui vit dans ce pays. L'espoir d'une vraie entente et d'une vraie communication, de contacts spontanés et sans arrière-pensées, réside de ce fait surtout chez les jeunes des deux nationalités qui, espérons-le, sauront avoir l'esprit plus ouvert, plus positivement critique et constructif, plus compréhensif et tolérant que la génération antérieure.
JLCorreia/ECJ
in jornal CONTACTO, 17/03/2000
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